L’annonce de l’inscription du plus grand site mondial de commerce en ligne, Alibaba, au Nyse pour une prochaine entrée en bourse, marque les esprits.

Au-delà de l’emprise d’une nouvelle structure chinoise sur le marché nord américain, ce nouvel acteur qui devrait entrer en bourse vers le 8 août, selon des rumeurs multiples, va remettre en cause pas mal de valeurs existantes basées comme Facebook ou Twitter sur des systèmes de valorisations complexes. Avec Alibaba, le plus grand site de vente en ligne au monde, la simplicité est de mise. Fondé en 1999 par Jack Ma, un professeur d’anglais, Alibaba contrôlerait environ 80% du marché chinois de l’e-commerce via ses sites Tmall et Taobao, avec des volumes échangés estimés à 248 Mds$ sur l’ensemble de ses plates-formes en 2013. Avec un trafic trois fois supérieur à celui d’eBay et un chiffre d’affaires deux fois plus grand que celui d’Amazon, le premier site américain, le site chinois stimule l’imagination car du coté asiatique, la vente en ligne ne fait que démarrer.

Alibaba

Yahoo et Softbank premiers bénéficiaires

L’introduction devrait profiter à ses deux actionnaires principaux, Yahoo et Softbank qui détiendraient respectivement 23% et 30% du capital. Pour Masayoshi Son, le patron de Softbank, ex-importateur de logiciels et de consoles de jeux américaines au Japon, ce sera le jour de gloire, lui qui a déjà su manœuvrer pour piloter l’un des plus grands opérateur mobile locaux, Vodafone japan.

Même si des rumeurs d’emprunts en cascade militent pour une certaine prudence, la confiance américaine en Alibaba tient à sa réussite en Californie et aux boutiques de grands fabricants désormais ouvertes sur ce site. Pourtant, Alibaba ferait partie des sociétés chinoises qui auraient emprunté 15 milliards de dollars en contrepartie de dépôts d’or, une pratique condamnable selon les autorités chinoises. Cela aurait été surtout, selon notre confrère Les Echos, une garantie pour emprunter des liquidités auprès de banques étrangères à des taux faibles, puis utiliser cet argent frais pour prêter à des taux supérieurs en Chine.

Une des firmes les plus surveillées du Net

Mais cela n’est pas la première fois qu’Alibaba est le sujet de rumeurs fantaisistes soit sur du blanchiment d’argent soit sur des ventes extraordinaires de produits ensuite introuvables.

Avec une valeur théorique estimée à environ 168 milliards de dollars, selon un sondage auprès des analystes en avril, Alibaba se classerait juste derrière IBM et Oracle parmi les entreprises technologiques cotées sur le NYSE, les données compilées par Bloomberg ne laissant pas planer de doutes. La firme a prévu d’introduire 12 % de son capital en actions.

Une remise en cause des avantages du Nasdaq

Aux USA, cette entrée sur le Nyse montre une certaine désaffection pour le Nasdaq qui est pourtant sensé faciliter le lancement de sociétés de nouvelles technologies. Mais dans un sens, Alibaba est déjà le poids lourd du secteur du commerce électronique. Le NYSE avait accueilli en 2013, 22 des 37 introductions en bourse de firmes de hautes technologies ou d’Internet. La mise en vedette récente de l’offre Twitter sur le Nyse, une introduction très réussie face au démarrage loupé de Facebook sur le Nasdaq, a poussé pas mal de firmes et banques a préférer le NYSE.

Les deux institutions gardent néanmoins leurs spécificités

Linkedin et Yelp ont aussi par exemple récemment préféré le Nyse ; le fait que le total des capitalisations boursières des compagnies cotées au NYSE soit trois fois plus grand que celles cotées au NASDAQ influe certainement sur ces choix. Le NYSE assure, selon wikipedia, la cotation des actions de plus de 2 764 sociétés, ce qui représentait au 31 décembre 2006 une capitalisation boursière de l’ordre de 25 000 milliards de dollars. Le Nasdaq qui avait été crée en 1971 sur la base de cotations traitées de manière électroniques par l’Association nationale des agents de change, d’où son nom de National Association of Securities Dealers Automated Quotations, avait réussi dans les années 90 à dépasser le Nyse. Mais depuis 2001, la valeur des 3200 firmes cotées au Nasdaq n’a jamais rejoint celle du Nyse. L’arrivée du chinois soulignera, une fois de plus, la « sinodépendance « de l’économie américaine. Rappelons que ce sont les chinois qui détiennent avec les japonais une part essentielle des bons du trésor américains, 47% des dettes américaines étant aux mains d’investisseurs étrangers.