Fleuron des systèmes d’exploitation des années 80 et champion de la mini-informatique, OpenVMS est en danger. La section française du groupe utilisateurs HP Interest a envoyé une lettre à Meg Whitman (Open Letter to Meg Whitman : take the OpenVMS train) pour qu’elle reconsidère la décision d’HP d’arrêter le support du système d’exploitation.
Les systèmes d’exploitation naissent, vivent et un jour sont amenés à disparaître. Mais tout cela dépend en fait de la volonté du fournisseur de continuer les développements et surtout d’assurer le support. VMS a été conçu par Digital Equipement pour faire tourner ses mini-ordinateurs baptisés VAX. C’est à l’occasion de la V2 qu’il a été rebaptisé VAX/VMS. Il a été rebaptisé OpenVMS – à l’époque des systèmes ouverts – dans la mesure où intégrait une couche de compatibilité POSIX. Un plus tard, Digital se lance dans le développement de son microprocesseur Alpha et pour Open VMS dont la dénomination dans cette filière deviendra OpenVMS AXP. Mais deux ans plus tard, Digital décide à la faveur de la version 6.1 de fusionner les deux filières, VAX d’un côté et Alpha de l’autre.
Digital est racheté en 1998 contre toute attente par Compaq, une des étoiles de l’industrie des PC de l’époque cherchant à élargir son marché. Un an plus tôt, Compaq avait déjà racheté Tandem, le pionnier et leader des systèmes à tolérance de pannes. Compaq décide quelques années plus tard de porter OpnVMS sur Itanium, le tout récent microprocesseur 64 bits développé initialement par Interne et HP et orienté serveur. Mais, fin 2001, c’est HP qui procède au rachat de Compaq pour un montant de 25 milliards de dollars réalisés exclusivement en action. C’est donc HP qui détient les droits du système d’exploitation et qui étoffe un peu malgré lui sa bibliothèque de systèmes d’exploitation. C’est donc dans cette histoire un peu torturée que se situait le système d’exploitation OpenVMS dont la dernière version 8.4 en cours date de 2012.
OpenVMS est réputé pour sa stabilité et sa sécurité. Sachant néanmoins que la notion de sécurité est liée à la robustesse d’un système mais aussi à sa présence sur le marché. Et plus un système est présent et plus il a de chances d’être la cible des hackers. OpenVMS est encore très présent sur certains secteurs comme la banque, l’industrie – notamment nucléaire -, la santé ou encore dans les systèmes utilisés par les militaires. C’est lui qui pilote la ligne totalement automatisé 14 du Métro de Paris. OpenVMS joue un rôle mineur pour HP mais il est souvent utilisé pour des systèmes critiques, explique en substance Gérard Calliet, auteur de la lettre au nom d’HP-Interex France. « Parmi les idées folles existantes aujourd’hui, écrit Gérard Calliet, celle d’une entreprise dont l’informatique fonctionnerait sans ordinateur ou une entreprise industrielle qui pourrait faire de bénéfices dans avoir d’usines. »
C’est dans ce cadre qu’intervient la décision d’HP d’arrêter les développements et le support du système d’exploitation et qui a suscité une réaction de la section française du groupe d’utilisateurs.
En 2013, HP a fait part de son intention d’assurer le support d’OpenVMS sur ses systèmes Integrity i2 sous Itanium jusqu’au moins en 2020. Mais en janvier, HP est revenu sur ses engagements en indiquant dans une formulation sybilline selon laquelle ‘it would extend « mature product support without sustaining engineering » au moins jusqu’en 2025. Or cela inclut la possibilité de créer de nouveaux patches en cas de nécessité. En conséquence, HP ne supporte pas OpenVMS sur les matériels les plus récents Integrity i4 ce qui oblige plus ou moins les utilisateurs à acquérir les anciens systèmes i2 qui, dans de nombreux cas, ne sont pas assez performant. Les serveurs i2 sont des processeurs à quatre cœurs allant jusqu’à 1,73 GHz alors que les i4 sont motorisés par des processeurs à huit cœurs Poulson offrant une vitesse d’horloge pouvant aller jusqu’à 2,53 GHz. Gérard Calliet demande donc le support d’OpenVMS sur les serveurs i4 et les futurs serveurs développeurs autour des nouveaux microprocesseurs Intel.