« Internet industriel », cela peut sembler comme un oxymore et pourtant les annonces récentes dans le domaine présage d’un rapide développement.
Il y a un mois, GE lançait 14 nouvelles technologies « Predictivity » basées sur l’analytics applicables aux secteurs de l’aéronautique, de l’industrie du pétrole et du gaz, des transports, de la santé et de l’énergie (GE lance une grande offensive dans le big data industriel) et rassemblée sous le vocable d’internet industriel. L’idée est simple, tous les équipements existants ou à venir dotés de capteurs peuvent produire des données source d’améliorations considérables dans de nombreux domaines. Et GE est à la tête d’un parc de 250 000 équipements industriels : turbines, réacteurs d’avions, appareil à Imagerie par résonance magnétique… Et dans cette offensive vers l’Internet industriel, GE a réussi à attirer des partenaires de poids tels qu’IBM, Amazon, Intel, Cisco ou encore AT&T.
Dans un livre blanc intitulé Industrial Internet: Pushing the Boundaries of Minds and Machines, GE présente ce nouveau domaine comme la combinaison de trois éléments :
– Les machines intelligentes : Il s’agit de connecter tous les équipements existants que ce soit des machines industrielles, des robots, des réseaux, des flottes de véhicules avec des capteurs ou de sondes ;
– L’analytics et le big data : récupérer, stoker, analyser et restituer les volumes considérables des données produits à partir d’algorithmes prédictif, de systèmes d’automatisation dans des domaines comme la science des matériaux ou l’ingénierie électrique et d’autres disciplines permettant de mieux comprendre le fonctionnement des machines ;
– Les humains connectés : la possibilité de connecter à tout moment les individus, qu’ils soient à l’usine, au bureau, à l’hôpital ou en situation de mobilité améliorent considérablement les activités de conception, de conduite ou de maintenance ainsi que la sécurité et la sûreté.
Dans le secteur aéronautique, on compte environ 20 000 avions représentant environ 43 000 réacteurs qui utilisent trois parties mobiles principales pouvant être équipées de capteurs et supervisées séparément source d’amélioration dans la maintenance, l’efficacité énergétique… Et dans les 15 prochaines années, ce 30 000 nouveaux jets qui seront mis en circulation pour répondre à l’accroissement de la demande du transport aérien.
Une ferme de 500 éoliennes produit près de 2 Po de données par jour. Avec l’offre PowerUp lancée par GE il y a quelques semaines, les entreprises peuvent accroitre de 5 % la performance des turbines. Les données qui sont générées à chaque milliseconde peuvent être analysées pour mieux superviser le fonctionnement de chaque composant de la turbine. Les opérateurs peuvent ainsi prédire les pannes, améliorer l’efficacité de la maintenance et prolonger la durée de vie de trois ans en moyenne.
L’internet industriel est la troisième vague d’une longue évolution qui a démarré au au début du 19e siècle avec la révolution industrielle grâce à laquelle les machines ont permis de décupler la force physique des hommes et apporter des économies d’échelle considérables. Beaucoup plus proche de nous, c’est l’Internet qui s’est lentement développé pour exploser avec les technologies du World Wide Web.
Dans le domaine des utilities, ces nouvelles technologies permettront d’améliorer la qualité et surtout la fiabilité des réseaux ; le coût des pannes et autres dysfonctionnement est loin d’être négligeable. Une panne de réseau dans la région de San Diego en septembre 2011 liée à sa vétusté qui à privé l’ensemble des abonnées, particuliers et entreprises, pendant 13 heures aurait coûté quelque 120 M$.
Au-delà de cet exemple, l’université du Minnesota a réalisé une étude selon laquelle les défections de réseau coûteraient aux États-Unis près de 190 milliards de dollars. Même si le réseau français est dans un meilleur état que son équivalent américain, la transposition de ces chiffres donnerait entre 30 et 40 milliards de dollars. En Europe, le nombre des équipements (transport, centrales électriques, usines, hôpitaux) qui pourraient bénéficier des technologies de l’Industrial Internet est évalué à 550 000 unités.