« Les opérateurs ne pourront pas rester des plombiers ». Telstra et Colt, deux opérateurs internationaux, ont tenté de montrer la nécessaire évolution des opérateurs, à l’occasion du meeting Netevents cette semaine, au Portugal.
Tom Homer, le responsable Europe de Telstra, l’opérateur australien qui a réalisé prés de 26 milliards de dollars en 2013, n’en démord pas : la compétition est telle que la solution de survie des opérateurs classiques passera par le Cloud. Elle les obligera à s’investir dans de nouveaux services. Tous les fournisseurs de services se retrouveront tôt ou tard face aux OTT (Over The Top) les fournisseurs de contenus comme Netflix, qui ont su prospérer sur les infrastructures « historiques » et presque gratuites. Les hébergeurs comme Rackspace ou Amazon progressent alors que les opérateurs « historiques » en dehors de leurs réseaux mobiles ralentissent.
La recette du cloud : un cocktail de services
«La tempête idéale, c’est la multiplication des clouds, précise Tom Homer. Chez Telstra, on a déjà déployé pas mal de plateformes très différentes; celle des clouds hybrides, des clouds pour des applications personnelles, celles destinées aux mobiles d’entreprises, celles ouvertes à l’ internet des objets. L’ensemble nous a déjà rapporté plus d’un milliard de dollars en 2013 et cela progresse ».
Pour Tom Homer le monde informatique, qui était dominé par les fabricants de serveurs (IBM, Sun, HP) au début des années 2000, a vu les entreprises comme Google ou Amazon bouleverser tous les repères. « Nos clients sont désormais partis sur un modèle d’externalisation. Au lieu d’augmenter la puissance de leurs serveurs en permanence, ils ont externalisé leurs besoins. C’est une économie flagrante et les services associés sont plus facilement administrables ». La capacité d’intégrer les nouveaux services pour échapper à une administration complexe, des intégrations difficiles et souvent à des vendeurs inflexibles, ont fait du cloud la solution économique. « Avec le cloud, les opérateurs vendent des services de plus en plus étendus. On ne vend plus des débits, mais de nouveaux services, toujours plus ouverts ». Lors d’une conférence de Bain qui avait consolidé les chiffres d’IDC, de Forrester et du Gartner, il apparaissait que les opérateurs américains historiques Verizon, Quest et T-System faisaient partie des services déjà disponibles (schéma ci-dessous).Du coté de l’opérateur britannique Colt, présent dans plus de 26 pays européens, le discours est identique. Nicolas Fischbach, le responsable des architectures réseaux en Europe, précisait : « On a déjà pas mal travaillé pour offrir des services sur mesure, qu’il s’agisse de services informatiques ou de simples hébergements. On ne fait que du tout B to B. On a actuellement 20 datacenters dans le monde et l’ on administre plus de 42 réseaux fibres autour des principales capitales pour interconnecter les datacenters de nos clients à nos services. On a déjà transformé nos réseaux en les faisant migrer vers le tout IP. Pour notre part, on travaille avec Juniper. On est en compétition avec les OTT. On a déjà mis en place le SDN (Software Defined Network) en France pour offrir des applications sur mesure, à Paris. On est dans une démarche de services ».
Telstra a un partenariat avec Cisco et est devenu le premier vendeur de son modèle Intercloud. Ce service doit permettre des interconnexions transparentes des services sur la planète entière. Ce partenariat serait aussi ouvert à AWS, le fameux Amazon Web Service. « Les telcos sont en train de devenir des « brokers » de cloud, précisait Tom Homer, mais ils devront aussi fournir des services avec les infrastructures. Notre objectif est de proposer des logiciels à la demande et des managed services. On va proposer des services prêts à l’emploi ».
Le Big Data profite du cloud
Selon Tom Homer, l’organisation du futur reposerait en priorité sur la capacité à collaborer entre différents sites. La gestion de différents types de données et modes de travail sera aussi une des clefs. « La digitalisation des entreprises passera par la connexion de différents clouds qui exploiteront des données en masse, qu’elles viennent des consommateurs ou des machines. Les clouds sont les solutions idéales pour le Big data et l’analytique associée». La conviction des deux représentants d’opérateur paraît montrer que les acteurs actuels, les fameux OTT vont se retrouver face aux opérateurs de services devenus des concurrents féroces, dotés eux-aussi d’une infrastructure rassurante.