Le contraste entre les logiciels propriétaires et open source est aussi vieux que l’industrie de l’informatique elle-même. Dans presque toutes les catégories, des logiciels sont disponibles soit auprès de fournisseurs qui développent et commercialisent eux-mêmes leur code, soit auprès de communautés de développeurs travaillant avec du code ouvert. Au cours de la dernière décennie, l’aversion envers l’utilisation des logiciels libres, particulièrement dans les entreprises, a pris un tournant majeur. Les managers ont réalisé que si même les géants de l’informatique comme Facebook, Google et Amazon font appel à l’open source, les entreprises ordinaires devraient pouvoir le faire aussi. Les avantages de l’open source sont bien connus : les coûts inférieurs (à noter que coûts inférieurs ne veut pas forcément dire gratuits), la qualité supérieure et la sécurité qui découlent d’une grande communauté de développeurs et l’absence de dépendance à un fabricant sont des arguments de poids. Dans certains domaines, les produits open source sont déjà leaders de leur catégorie. Linux, Firefox et WordPress, par exemple, sont d’énormes réussites auprès des particuliers. MySQL, Apache, Free BSD, Zimbra et Alfresco se retrouvent fréquemment dans les environnements d’entreprise.
Toutefois, la distinction n’est pas aussi claire qu’on pourrait le penser : il n’est pas possible de diviser simplement les logiciels en catégories (ouvert ou fermé, libre ou non-libre, open source ou propriétaire). Il existe toutes sortes de sous-catégories, ce qui donne lieu à d’importantes différences dans les conditions de licence. Pour les entreprises, toutefois, il est pertinent de s’intéresser aux catégories de logiciels open source et propriétaires, et c’est la combinaison des deux, sous la forme de logiciels open source commerciaux, qui offre de fait le meilleur des deux mondes.
Un changement culturel global est en cours en faveur de l’open source. Par exemple, l’UE et le gouvernement des États-Unis investissent de grosses sommes d’argent pour augmenter leur utilisation de l’open source. Et au CERN (l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire), qui a longtemps été un pionnier de l’informatique, les scientifiques sont encouragés à mener leurs recherches à l’aide de solutions libres de nouvelle génération. La tendance ne se limite plus désormais aux logiciels. Le « matériel libre » se répand : le Raspberry Pi, le Kano, l’Arudion, le MatchStick basé sur Firefox, le NAO et le Hummingboard sont tous des exemples démontrant le dynamisme des projets libres, qui font naître de nouvelles tendances comme l’Internet des Objets. Et pourtant l’open source n’est pas quelque chose de réellement nouveau. La plateforme informatique open source ultime reste le mainframe, qui était également le noyau de l’ordinateur personnel actuel et a donc toujours représenté une communauté open source considérable.
Des solutions open source commerciales : un système donnant-donnant
Le modèle de développement open source permet aux entreprises de prendre en charge leur projet avec des technologies adaptées, évolutives et un code ajusté à leurs exigences, et par là même de renvoyer l’ascenseur à la communauté. Dans les logiciels open source commerciaux, tout nouveau code passe par un processus strict d’assurance qualité pour garantir la sécurité des entreprises clientes et de leurs utilisateurs finaux. Les changements pouvant bénéficier à un ensemble plus large d’entreprises clientes sont contrôlés et la communauté les ajoute ensuite à son code de base. Pour pouvoir utiliser tous les avantages de l’open source, il faut une relation étroite avec un fournisseur de solutions open source commerciales. C’est essentiel pour promouvoir la créativité et les contributions au sein de la communauté. Les entreprises peuvent également fournir du code pour prendre en charge leurs activités. Les fournisseurs de solutions open source commerciales ne fournissent que l’assistance et le processus strict de développement du produit, comprenant les tests avec les bases de données, les conteneurs et l’assurance qualité qui font normalement partie du développement des logiciels propriétaires.
Des soucis de sécurité avec l’open source ? Au contraire !
Avec l’acceptation croissante des logiciels open source, les logiciels propriétaires purs perdent du terrain sur le marché. Beaucoup d’utilisateurs doutent de la souplesse des logiciels propriétaires dans les années à venir et beaucoup considèrent leur dépendance par rapport à leur fournisseur comme une restriction indésirable. Lorsqu’elles envisagent le futur des services numériques, qu’il s’agisse de ceux des entreprises ou des administrations, des entreprises comme Facebook et Google considèrent l’open source comme indispensable. La plupart des fournisseurs utilisent d’ailleurs déjà l’open source dans divers domaines de leurs opérations informatiques. Les solutions open source fournissent, en particulier, une plateforme pour une technologie prête à l’emploi pouvant être personnalisée pour différents produits. Néanmoins, malgré l’acceptation grandissante de l’open source, les entreprises gardent des inquiétudes à propos de leur fiabilité et de leur sécurité. Mais quels sont les arguments derrière ces inquiétudes ?
Le préjugé menant à penser que les logiciels open source ne sont pas sécurisés ne se vérifie absolument pas. Le réseau international de développeurs, d’architectes et d’experts de la communauté open source est de plus en plus reconnu en tant que ressource majeure. La communauté fournit un retour professionnel d’experts du secteur qui peuvent aider les entreprises à produire du code plus robuste, à créer des correctifs plus vite, et capables de développer des innovations et des améliorations à de nouveaux services. Dans un modèle propriétaire, la qualité du logiciel est limitée à celle du petit ensemble de développeurs qui y travaillent. Les entreprises qui font appel à des vendeurs tiers pour leurs logiciels propriétaires peuvent avoir un sentiment de sécurité plus fort, mais elles se bercent d’illusions : au nom de la propriété intellectuelle propriétaire, les éditeurs peuvent facilement empêcher leurs clients professionnels de savoir s’il existe des failles de sécurité dans leur code – jusqu’à ce que des pirates les exploitent. Nous avons vu récemment de nombreux exemples de ce fait, qui ont entraîné des problèmes pour de nombreux clients.
En raison du haut degré de transparence au sein de la communauté open source, le travail de ce réseau d’experts est d’une grande qualité ; ses membres attachent une importance extrême au maintien de leur réputation. Personne ne peut se permettre de mettre sa crédibilité en jeu lorsque toute la communauté peut voir le code publié sous son nom et le commenter. Par conséquent, les membres de la communauté soumettent tout code nouvellement compilé à un long travail de vérification avant de le publier. Cela devrait dissiper les craintes injustifiées concernant les failles de sécurité.
Une architecture ouverte et une évolutivité sans limite pour des solutions fiables
Les médias sociaux, le cloud, les big data, la mobilité, la virtualisation et l’Internet des Objets révolutionnent constamment l’informatique. Les technologies existantes peinent à suivre le rythme de ces changements. Les entreprises et les institutions doivent fournir leurs services sur de nombreux canaux tout en garantissant une sécurité totale des données. Avec des systèmes propriétaires rigides, cela est pratiquement impossible, et la communauté open source démontre tous les jours que les produits utilisant du code open source sont plus que prêts à gérer des services importants. Apache est déjà le numéro un. MySQL en prend le chemin ; tôt ou tard, il est très probable qu’OpenStack deviendra le logiciel de référence pour la gestion des centres informatiques et OpenAM est l’un des meilleurs produits pour les droits d’accès reposant sur les identités numériques. Les entreprises qui refusent d’utiliser l’open source courent le risque de prendre du retard sur l’étendue et la puissance des fonctions, et de ne pas être en mesure de proposer à leurs clients une expérience utilisateur numérique complète.
La réussite de l’open source se mesure par sa capacité à garantir un haut degré de sécurité et d’innovation. Si les logiciels développés de façon libre n’étaient pas sûrs, la sécurité et l’innovation ne seraient pas possibles. L’open source offre donc la sécurité grâce à sa transparence, ce que les logiciels propriétaires ne peuvent pas se permettre. Les entreprises feraient bien de garder un œil sur les solutions open source.
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Ismet Geri est vice-président Europe du Sud chez ForgeRock