Sa situation de fabricant de pneus semble loin du monde digital. Et pourtant, en rachetant la société de gestion la gestion digitale de flottes et de sécurisation des biens transportés, Michelin poursuit une évolution vers les services et la transformation numérique.
Dans ses rapports annuels, Michelin se présente comme un « Acteur de référence sur tous les marchés du pneumatique et des services liés aux déplacements ». Si la première partie de la proposition semble bien éloignée de préoccupations liées au digital, la seconde ouvre toutes les voies possibles. En annonçant le rachat de la société brésilienne Sascar, Michelin renforce évidemment sa présence au Brésil mais lève le voile de sa stratégie de transformation numérique, une démarche qui n’est pas sans rappeler celle des industriels GE (GE lance une grande offensive dans le big data industriel) ou Bosch (Bosch se lance à son tour dans l’internet industriel).
Dans son rapport annuel 2013, Jean-Dominique Senard, Président du Groupe Michelinprésente comme objectif « Être l’une des entreprises les plus innovantes, responsables et performantes ainsi qu’un leader de la mobilité durable ». En juillet dernier, Michelin avait fait un premier pas dans cette direction en créant avec Accenture une activité commune basé sur l’infrastructure Accenture Cloud Plaftorm en vue d’offrir des solutions de mobilité. Ce n’est pas l’association de la carpe et du lapin mais du pneu et de l’informatique pour créer de nouvelles solutions tirant parti des fonctionnalités offertes par le cloud. Le premier service lancé, Effifuel, concerne comme son nom le suggère l’optimisation de la consommation d’essence. Pour un camion qui parcoure 120 000 km/an, Michelin avance une économie de 2500 euros. Deux nouveaux services devraient être lancé d’ici l’année prochaine.
Certes, Michelin fabrique des pneus mais il se présente désormais différemment sous la forme d’une offre de services : Michelin se présente comme une entreprise qui Vend des kilomètres, des atterrissages ou des tonnes transportées plutôt que des pneus. Et dans cet objectif, le numérique joue un rôle de plus en plus important. Michelin ouvre gratuitement ses brevets RFID. En équipant les pneus de puces RFID, on améliore leur suivi tout au long de leur vie. Objectif : plus de sécurité et de longévité, moins de carburant consommé. Encore faut-il des puces lisibles et résistantes. C’est le cas des puces testées par Michelin sur plus de 5 milliards de kilomètres. Spécialiste de la RFID appliquée aux pneus, le Groupe a ouvert gratuitement ses brevets en 2013 afin de favoriser l’adoption d’une norme mondiale.
Michelin mise sur la télématique embarquée, l’électronique et le cloud pour recueillir en temps réel les données des véhicules, analyser leur performance et celle des conducteurs, en tenant compte de leur charge et de leur trajet, et proposer des solutions d’économie. Le marché des solutions de mobilité pourrait représenter 10 milliards d’euros à l’horizon 2017.
Michelin poursuit donc sa stratégie en procédant à ce rachat de Sascar, une entreprise spécialisée dans l’utilisation des technologies numériques pour la gestion des flottes de transport. « Nous consolidons un axe important de croissance pour le Groupe » indique dans un communiqué le président du groupe. Sascar fait état de la gestion de 33 000 flottes représentant quelque 190 000 poids lourds. Les services proposés par Sascar concerne aussi bien des petites que des grandes entreprises, 95 % des clients ont un parc inférieur à 20 véhicules.
Les perspectives pour ce type de services de télématique sont importantes. Aujourd’hui, entre 5 et 15 % des camions et moins de 5 % des véhicules particuliers en sont bénéficient. A l’horizon 2025, Michelin prévoit un taux d’équipement de 50 %.