Pour la 15ème version de ce rassemblement bi-annuel de la communauté OpenStack, l’OpenStack Summit s’est tenu à Boston où il avait déjà eu lieu il y a 6 ans, alors qu’OpenStack sortait à peine des fonds baptismaux, fièrement porté par Rackspace et la Nasa.
Pour Jonathan Bryce, Executive Director de l’OpenStack Foundation (en photo ci-dessus) qui maintenant porte le flambeau d’OpenStack et de la communauté des utilisateurs et des développeurs, cette plateforme de Cloud Open Source aujourd’hui atteint une étape clé de son évolution, sachant que plus de 66% des déploiements OpenStack concernent des Cloud publics ou privés actuellement en production.
Un point d’inflexion dans la croissance d’OpenStack
« Nous sommes passés à une 2ème phase, explique-t-il, et ce changement se manifeste par de nouveaux types d’utilisations du cloud et par de nouvelles catégories d’utilisateurs. Nous avons en quelque sorte franchi le « chasm » des utilisateurs de la première heure. En effet, la première génération était représentée par des gros projets portés par des équipes techniques importantes dans des grosses structures comme Yahoo, eBay ou General Electric. Aujourd’hui, la virtualisation s’est généralisée et des plus petites équipes utilisent plus largement les outils et les nouvelles caractéristiques qui ont été développés et intégrés progressivement dans la plateforme OpenStack pour répondre à des nouveaux modes de consommation du Cloud.» La dernière enquête annuelle, réalisée par la Foundation OpenStack au mois d’avril dernier avec plus de 1400 interviews autour de plus de 600 projets, montre une communauté active de plus de 70000 personnes réparties dans plus de 160 pays. Elle montre aussi une nette accélération des déploiements Open Stack.
Le Cloud est en effet devenu une préoccupation primordiale dans les entreprises, avec une augmentation de 44% de nouveaux Clouds sous OpenStack d’une année sur l’autre, sachant que l’âge moyen d’un Cloud est de 1,7 année et OpenStack gère déjà plus de 5 millions de cœurs dans le monde.
Une meilleure utilisation des infrastructures
Alors que plus de la moitié des Fortune 100 utilisent OpenStack, l’enquête constate aussi une croissance dans la taille des Clouds existants et un degré d’adoption d’OpenStack en augmentation pour des développements de taille plus réduite. En effet, 37% des Clouds OpenStack ont plus de 1000 coeurs, en augmentation de près de 30% sur l’année passée et 16% de ces Clouds s’appuient sur une capacité de stockage supérieure à 1 petabytes, 4 fois plus que l’année dernière. Dans les grandes entreprises qui ont mis en œuvre des clouds de plus de 1000 cœurs, OpenStack est utilisé dans 80 à 100% de leur infrastructure alors que dans les déploiements de taille intermédiaire, OpenStack n’est utilisé que pour 60 à 80% de l’infrastructure.
Mais un plus grand nombre d’utilisateurs d’OpenStack (89%) mettent en oeuvre ses services d’infrastructure comme Nova (compute), Neutron (réseau), Keystone (identification), Cinder (stockage) et Glance (VM images discovery). Les conteneurs sont maintenant au centre de l’utilisation d’OpenStack et Jonathan Bryce faisait remarquer : « les premières outils développés autour d’OpenStack il y a 5 ou 6 ans étaient des « installers » pour aborder la vitualisation, aujourd’hui les déploiements se concentrent sur le déploiement des plateformes de services et l’orchestration des conteneurs. » Plus de 47% des déploiements utilisent Kubernetes, alors qu’ils ne représentaient que 34% il y a 2 ans, derrière Cloud Foundry qui passe en cinquième position des outils de PaaS (Platform as a service) après Docker Swarm, un nouvel orchestrateur récent développé par Dockers.
Faciliter le travail des développeurs et des utilisateurs d’OpenStack
Au delà de l’amélioration des performances et des fonctionnalités d’OpenStack, l’une des préoccupations des responsables de l’OpenStack Foundation est de rendre cette plateforme plus accessible, plus souple et moins complexe pour être utilisée par des équipes plus petites, dans des environnements plus variés. C’est en effet le secteur de l’industrie informatique qui est en effet le premier utilisateur d’OpenStack, c’est-à-dire les fournisseurs d’infrastructure IT, les intégrateurs, les clouds privés, les télécommunications et l’enseignement. Le e-Commerce, la finance et le secteur des industries manufacturières représentent seulement 2% chacun. OpenStack peut être vu comme un outil complexe par des équipes informatiques traditionnelles habituées à travailler dans un environnement propriétaire.
Le mode de développement d’OpenStack se fait à travers un processus d’adjonction progressive de modules ou « projets » qui couvrent une fonction ou un service particulier dans la mise en place et le fonctionnement d’un Cloud, public ou privé. Il y a aujourd’hui un peu plus de 30 projets certifiés dans la dernière release d’OpenStack (Newton), donc certains sont centraux comme Nova ou d’autres optionnels. Chaque projet est un composant logiciel qui porte un nom, il est développé selon le mode Open Source par des membres de la communauté, ou par des communautés satellites, comme Docker, Cloud Foundry, Google, Red Hat, etc… Ces projets, dument certifiés et approuvés par la Foundation forment une sorte de boite à outil du Cloud qu’une équipe qui veut déployer et gérer un cloud peut utiliser. Ceci provoque une certaine complexité dans l’approche de ces modules car il peut exister des projets similaires (parfois concurrents), des recouvrements fonctionnels entre différents projets, des expériences et des performances différentes selon la phase du déploiement auxquels ils s’adressent (upstream ou downstream, prototypage, déploiement, production…) et des évolutions entre chaque version de chaque projet.
Pour une équipe de développement, les choix à faire dans un déploiement deviennent ainsi assez complexes parce que les recouvrements ne sont pas toujours totalement connus, explicités et documentés, plus particulièrement si l’équipe a une expérience assez récente dans OpenStack. D’autre part, certains projets peuvent aussi entrer en concurrence, apportant des distorsions supplémentaires… Au delà du processus de certification des projets, l’OpenStack Foundation a donc engagé un effort de nettoyage des redondances au sein des projets certifiés, de clarification, d’explication, de sélection des projets en cours et de documentation pour permettre aux développeurs de faire des choix mieux adapté à leurs situations et leurs besoins immédiats ou futurs. A ce sujet, Mark Collier COO de la Foundation précise qu’il est nécessaire de maintenir une certaine discipline dans la conception, le développement et certification des « projets » .
Une nouvelle forme de Cloud : le cloud privé géré à distance « as a service »…
Les raisons pour lesquelles les entreprises viennent à OpenStack sont aussi abordés dans l’enquête. La première raison d’utiliser OpenStack citée par les entreprises est de ne plus être verrouillé par un vendeur de matériel, ne plus être dépendant d’une plateforme propriétaire. Viennent ensuite la capacité offerte par OpenStack d’accélérer l’innovation dans les utilisations des infrastructures informatiques en même temps que d’en accroitre l’efficacité opérationnelles et de réguler les charges de travail. Ces trois raisons ont fortement pris du poids d’une année sur l’autre, alors que la réduction des coûts qui dominait l’année dernière arrive maintenant en 4ème position. L’agilité et la flexibilité d’OpenStack, ainsi que sa capacité de répondre rapidement à des objectifs de business et de mise en place de nouvelles applications/services ou des montées en charges rapides sont fréquemment citées.
Pour Jonathan Bryce, « Le développement du Cloud est passé à une 2ème génération. Les Clouds privé se sont rapidement développés et OpenStack en a été l’un des moteurs en apportant des caractéristiques qui n’étaient parfois même pas disponibles dans les clouds publics (IPV6, capacités de configuration, adaptation aux régulations locales par exemple). » Il mentionne une enquête de Forrester qui constate une répartition équivalente entre les Clouds privés, les Clouds publics et une nouvelle caractéristique de Cloud appelée : Cloud privé géré à distance… qui représente déjà près d’un tiers des usages. C’est un Cloud privé géré à distance « as a service » qui peut être sur place ou chez un fournisseurs, dont l’utilisateur garde tout le contrôle mais n’a pas forcément la responsabilité opérationnelle de l’infrastructure. La Foundation a donc lancé une nouvelle catégorie appelée « Remotely Managed Private Cloud » sur sa place de marché pour adresser les besoins ce nouveau mode de Cloud qui pourrait conduire à des usages « multi-cloud » dans un futur proche.
Emergence du Edge Computing
Il conclut : « Avec NFV, un grand nombre d’opérateurs téléphoniques dans le monde s’appuient maintenant sur OpenStack et l’une des nouvelles évolutions du Cloud facilitée par OpenStack est l’émergence du « Edge Computing » qui déporte sur la périphérie du réseau certaines opérations de traitement, de contrôle, de sécurité et de stockage pour des centaines de millions d’appareils connectés.» L’opérateur américain Verizon présentait un boitier « openstack in a box » pour son « hosted network service », accessible pour les clients externe aussi bien qu’en interne. Il permet de distribuer sur la périphérie du réseau des activités qui étaient faites auparavant au coeur du réseau. Il décongestionne le réseau et permet de répondre en temps réel à des besoins qui s’expriment localement en créant et en mettant en œuvre des services adaptés grâce aux capacités NFV (Network Function Virtualization) de OpenStack.
Ce boitier OpenStack offre une gestion unifiée et homogène sur l’ensemble du cloud de Verizon en facilitant le transfert du contrôle et des charges de travail et de stockage du cœur vers la périphérie. Il apporte une expérience utilisateur simple et facile et il permet la mise en œuvre rapide de nouveaux services. Pour l’opérateur, le provisioning est maintenant l’affaire de quelques minutes, alors qu’il nécessitait souvent le déplacement sur place d’une personne ou d’une équipe pour mettre en œuvre un nouveau site utilisateur.