PAIR pour “the People + AI Research Initiative” est un nouveau projet de recherche qui concerne Google dans son ensemble. Son objet est de rendre les rapports entre l’homme et la machine plus productifs, plus agréables et plus honnêtes…
Le blog de Google était, en ce début de semaine, le support d’annonce d’une nouvelle initiative en Intelligence Artificielle portée par l’équipe de Google Brain, dont le centre des préoccupations sera l’homme dans ses rapports avec la machine et les technologies. Constatant que depuis ces dernières années, les progrès du machine learning et un certain nombre d’améliorations technologiques ont permis une meilleure reconnaissance de la parole, des recherches d’images plus précises et des traduction plus précise et plus rapides, les auteurs du document précisent qu’il est maintenant nécessaires d’aller plus loin en créant de nouveaux systèmes beaucoup plus utiles à chacun d’entre nous parce qu’ils seront centrés sur les gens dès leur commencement. « Notre objectif est de faire de la recherche fondamentale, inventer de nouvelles technologies et créer des environnements de design qui puissent apporter une approche humaniste à l’intelligence artificielle ».
Le projet PAIR est donc une initiative qui touche tous les chercheurs et ingénieurs chez Google pour les inciter à étudier et à reconcevoir leur approche sur la manière dont les gens interagissent avec les systèmes d’intelligence artificielle… Il leur est demandé de revoir la manière dont les gens utilisent la technologie de façon à ce que les applications qui résulteront soient encore plus largement ouvertes à une vaste population. Cette initiative est donc mise en Open Source et s’adresse à trois grandes catégories de personnes :
– Les chercheurs et ingénieurs : Ce sont ceux qui créent l’intelligence artificielle. De quels nouveaux outils ont-ils besoins pour construire de meilleurs systèmes de machine learning ?
– Les experts dans leur domaine : Comment Google peut il créer de nouveaux systèmes d’IA dédiés pour les médecins, les musiciens, les designers, les fermiers pour leur permettre d’être encore plus performants.
– Les gens normaux : Comment Google peut-il construire des systèmes plus facilement accessibles et utilisables pour améliorer la vie quotidienne de Mr et Mme Tout le Monde ? Comment démocratiser les technologies qui sont mises en œuvre dans les systèmes d’IA ?
Pour Google, l’une des directions est le « Design Thinking », « plutôt que de voir l’AI comme une pure technologie, pourquoi ne pas la considérer maintenant comme un outil pour construire des systèmes d’IA ». Dans un autre post récent consacré au HCML (Human Centered Learning Machine), Google détaille 7 points importants qui aident les designers de systèmes de machine learning, résultat d’une collaboration entre les équipes de design (UX) et de AI dans la compagnie.
Une capture écran de Facets Dive pour visualiser des données.
Pour donner une large audience à ce projet, Google le met en Open Source et indique que dès maintenant 2 applications de visualisation Facets Overview et Facets Dive sont mises à dispositions sur le site de Google, pour être utilisées avec leurs propres données par tous ceux qui le souhaitent. D’ores et déjà, plusieurs universités américaines on reconnu l’intérêt de cette approche et Google indique que l’équipe PAIR travaille déjà avec des universitaires venant de Stanford, Harvard et du MIT. Ce projet apparait aujourd’hui être une nouvelle pièce complémentaire d’une initiative prise il y a presqu’un an, réunissant 9 compagnies concernées très directement par l’Intelligence Artificielle dont Google, Microsoft, IBM, Facebook, Amazon…pour discuter et tenter d’homogénéiser et de régulariser des pratiques dites « éthiques » dans la conception et l’utilisation de l’Intelligence artificielle, avant qu’un régulateur gouvernemental ne vienne imposer de façon externe des normes répondant à des objectifs plus politiques à ce secteur. Un autre « pôle éthique » appelé Open IA, crée en 2017 sous la houlette d’Elon Musk, CEO de Tesla et de Space X et de Sam Altman, fondateur de Y Combinator, semble avoir des préoccupations identiques. Apple à ce sujet semble rester enfermé dans sa tour d’ivoire et vouloir continuer de concevoir la démocratisation de la technologie seulement au sein de la communauté de ses seuls utilisateurs..!
L’IA vue par le Sénat
L’initiative PAI de Google arrive en France alors que le Sénat, par l’intermédiaire de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST), a récemment rendu public un volumineux rapport sur l’Intelligence artificielle sous le titre : « Pour une Intelligence Artificielle Maîtrisée, Utile et Démystifiée », dont l’un des objectifs est de créer un corpus de règles pour encadrer les développements et l’utilisation de l’IA en France en conformité avec les schéma directeurs Européens. Cette régulation (annoncées comme aussi légères et peu contraignantes que possible) serait gérée au sein d’un Institut Spécialisé centré sur l’Ethique, à l’instar du CSA pour les secteurs des contenus audio visuels ou de l’ARCEP pour les infrastructures de télécommunications….
Ce rapport semble se situer dans la lignée de ce que le groupe des 9 entreprises américaines réunies l’année dernière redoutent de se voir imposées par l’administration fédérale Américaine, sous des prétextes d’éthique, de sécurité et de souveraineté nationale, de démocratisation de l’économie numérique et de développement économique du pays. Elle illustre aussi assez clairement les approches différentes au sein des systèmes économiques Américains et Français face à l’innovation technologique.