Avec des usages qui ont doublé en 3 ans, les manuels numériques s’implantent peu à peu dans les pratiques pédagogiques, de l’école primaire au lycée.
Bien que connaissant la plus forte progression des usages (20% des enseignants utilisent un manuel numérique en 2014 alors qu’ils n’étaient que 8% en 2011) le primaire en reste encore le parent pauvre, principalement pour des raisons d’équipement et de crédits d’acquisition des ressources, jugés insuffisants par 70% des enseignants, tous niveaux confondus. C’est ce qu’indique une enquête réalisée par l’institut TNS-Sofres auprès de plus de 15 000 enseignants pour le comte des éditeurs de livres scolaires. Cependant, les usages individuels des élèves se situent encore à des niveaux très faibles (7%).
Première constatation, le doublement des usages des manuels numériques en 3 ans a entraîné un accroissement des usages, avec 29% d’utilisateurs en moyenne et 35% dans le secondaire.
– Du fait des efforts des collectivités territoriales et sous l’impulsion des expérimentations menées ces dernières années, les équipements ont progressé massivement, essentiellement dans les collèges et lycées : le vidéoprojecteur est présent dans plus de 90% des établissements et les connexions internet suivent le mouvement (près de 90%). Les ordinateurs pour la classe concernent désormais plus de 6 lycées sur 10. L’accès à l’ENT[1] (Espace Numérique de Travail) existe dans plus de 60% des collèges et se situe un peu en-deçà dans les lycées. Les tablettes, qui sont relativement récentes, ne concernent pour le moment que 4% des établissements. L’ensemble des disciplines sont concernées même si certaines comme les mathématiques et les sciences physiques sont plus avancés.
Le primaire accuse toujours un retard sur le secondaire, principalement dû à un niveau d’équipement plus faible, mais progresse en matière d’usages. Le Plan « Ecoles Numériques Rurales » et l’implication croissante des collectivités ont permis une progression significative des équipements, mais ceux-ci demeurent modestes : un tiers des écoles ne sont toujours pas équipées de vidéoprojecteur, 24% des écoles n’ont pas d’accès à internet et plus de 70% des établissements du 1er degré ne disposent pas d’ENT.
De leur côté, les manuels numériques font un percée spectaculaire en termes d’usages avec 20 % d’utilisateurs contre 8 % il y a trois ans. Pour près de 80% des professeurs des écoles qui enseignent avec un manuel numérique, cette expérience est encore récente (moins de 2 ans). L’initiative d’enseigner avec un manuel numérique est prise principalement par les enseignants eux-mêmes (90% vs 80% au secondaire).
Equipements individuels demeurent encore exceptionnels
Dans le secondaire, un professeur sur quatre indique un équipement individuel pour les élèves (39% en lycée professionnel). Cette proportion est beaucoup plus faible au primaire (4%). Les ordinateurs pour la classe sont plus répandus (63% pour les lycées) jusqu’au primaire où 50% des enseignants signalent cet équipement. Quant aux tablettes individuelles, elles ne sont mentionnées que par 2% des professeurs, tous niveaux confondus.
Pour 93% des élèves accédant aux manuels numériques, l’accès se fait collectivement en classe. Seulement 7% des professeurs utilisateurs de manuels numériques indiquent que leurs élèves sont équipés individuellement, et même pour ces derniers, un quart des accès a lieu uniquement sur les ordinateurs de l’établissement. Seuls 30% des élèves équipés individuellement accèdent à leur manuel à domicile et 45% via l’ENT.
Les freins à l’équipement
Mais cette progression est ralentie par les mêmes freins qu’il y a trois ans, principalement équipements, crédits pour les ressources, formation, problèmes technique et maintenance. Sept professeurs sur dix pointent des équipements insuffisants comme premier frein au développement du numérique (80% au primaire) ainsi que l’absence de crédits pour acquérir des ressources comme le 2e facteur ralentissant le développement du numérique.
Pour 3 professeurs sur 4, les accès au manuel numérique ont toujours lieu off-ine (ils étaient 80% en 2011). Dans le même temps, entre 2011 et 2014, les usages on-line progressent de 35% à 37%, tandis que les accès via l’ENT restent stables (8%). Cependant, la question des accès aux ressources numériques pose encore quelques difficultés car plus d’un enseignant sur deux fait état de difficultés d’accès « passagères » ou « résolues dans un délai acceptable ».
Le numérique, est-ce mieux ?
Finalement la question n’est pas d’aller coûte que coûte mais de savoir si le numérique améliore la pédagogie et l’apprentissage et de quelle manière. Et une enquête approfondie serait la bienvenue sur ce point. En attendant, les professeurs font part de leur sentiment sur les apports du numérique dans différents domaines. Et sur ce point, leur opinion n’est pas aussi évidente que les ardents défenseurs du numérique ne le souhaiteraient. Les ressources numériques sont largement à leur avantage par rapport aux moyens traditionnels sur la concentration, la stimulation de la curiosité et de l’attention ainsi que sur la capacité à rendre les cours plus concrets. Sur les autres items (voir graphique ci-dessous), on ne constate pas vraiment d’avantage. Il serait désormais intéressant d’enquêter au niveau des résultats en répondant à une question simple : les écoliers et les lycées obtiennent-ils de meilleurs résultats alors qu’ils utilisent le numérique ? C’est la principale question.
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[1] Un espace numérique de travail désigne un ensemble d’outils en ligne qui agrège l’information et permet un accès à distance de ressources numériques. Ce terme est couramment utilisé dans le primaire, les collèges, les lycées et les universités françaises pour désigner un portail intranet.
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